"Vanité des vanités, dit Qohèleth,
vanité des vanités, tout est vanité.
Quel profit y a-t-il pour l'homme
de tout le travail qu'il fait sous le soleil ?
Un âge s'en va, un autre vient,
et la terre subsiste toujours.
Le soleil se lève et le soleil se couche,
il aspire à ce lieu d'où il se lève.
Le vent va vers le midi et tourne vers le nord,
le vent tourne, tourne et s'en va,
et le vent reprend ses tours. "
[...]
"Il n'y a aucun souvenir des temps anciens ;
quant aux suivants qui viendront,
il ne restera d'eux aucun souvenir
chez ceux qui viendront après."
Extraits tirés de Qohèleth (Ecclésiaste), Bible TOB
La véritable Vanité
La vanité n’est pas seulement l’orgueil des hommes, ni le désir futile d’être admiré.
Dans le sens ancien, celui que portaient les sages, elle désigne la vacuité de toutes choses.
Qohèleth l’a dit : « Vanité des vanités, tout est vanité. »
Non pas pour condamner la beauté, la joie ou le travail,
mais pour rappeler qu’aucune œuvre humaine, aucune gloire, aucun plaisir
ne peut échapper au passage du temps.
Pour moi, la vanité, c’est la conscience de l’éphémère, même après tout le travail fourni.
C’est dans mon travail artistique que j’en prends pleinement conscience.
Elle ne conduit pas au désespoir, mais à l’humilité et à la gratitude :
gratitude d’avoir reçu cette chance incroyable de créer.
Car créer, malgré la fragilité de toute œuvre, reste l’un des plus grands miracles qui soit.
Vanitas
La vanité est un mot dont le sens a beaucoup changé au fil des siècles.
Aujourd’hui, elle évoque l’orgueil, la vantardise, l’arrogance — très souvent mêlés à l’attrait pour la beauté, comme dans le mythe de Narcisse. Mais vanitas, en latin, désignait autre chose : la conscience de l’éphémère,
l’idée que rien, dans ce monde, ne nous appartient vraiment. C’est ce sens premier que je choisis de garder, car il correspond pleinement à la condition humaine et à ce que produit l’être humain. L’être humain ne connaît pas vraiment le pourquoi de son existence. Sommes-nous créés ? Sommes-nous le fruit d’une mutation ou bien le résultat d’une longue suite de péripéties ?
À travers des pertes humaines et matérielles, j’ai compris que tout ce que nous donnons au monde, comme tout ce que le monde nous donne, finit par ne plus nous appartenir. Et qu’au-delà de la douleur, il y a un apprentissage : celui d’accueillir ces pertes comme le cours naturel des choses.
Pourtant, mon existence doit exister.
Elle doit être remplie de ce “présent éternel”, de cette conscience que l’on appelle la Vie.
Et c’est dans cet esprit que résonnent les paroles de Jésus : « Soyez dans le monde, mais pas du monde. »
" Goûte la vie avec la femme que tu aimes
durant tous les jours de ta vaine existence,
puisque Dieu te donne sous le soleil tous tes jours vains ;
car c'est là ta part dans la vie
et dans le travail que tu fais sous le soleil.
Tout ce que ta main se trouve capable de faire,
fais-le par tes propres forces ;
car il n'y a ni œuvre, ni bilan, ni savoir, ni sagesse
dans le séjour des morts où tu t'en iras. "
[...]
" Je vois encore sous le soleil
que la course n'appartient pas aux plus robustes,
ni la bataille aux plus forts,
ni le pain aux plus sages,
ni la richesse aux plus intelligents,
ni la faveur aux plus savants,
car à tous leur arrivent heur et malheur.
En effet, l'homme ne connaît pas plus son heure
que les poissons qui se font prendre au filet,
ou les passereaux pris au piège. "
Extraits tirés de Qohèleth (Ecclésiaste), Bible TOB